Anaïs Pitalier, artiste-copiste et restauratrice, reproduit depuis des années, les œuvres des grands maîtres, de toutes les époques et tous les styles, et s’emploie à leur donner une nouvelle vie. Pour la première fois, dans le cadre des JEMA 2013, elle ouvrira les portes de son atelier pour faire découvrir sa passion et son savoir-faire aux visiteurs.
Quel parcours avez vous suivi pour devenir « artiste-copiste, restauratrice » ? J’ai commencé par approcher la peinture à l’huile chez Jean-Louis Chollet, à la Rochelle, et en particulier la technique du glacis, très complexe, en parallèle de mes études économiques. La maîtrise de la copie, dans un premier temps, m’a permis d’exercer ma main aux gestes et aux techniques, comme la confection des couleurs par exemple. J’ai également suivi une formation en restauration au célèbre institut d’art du Palazzo Spinelli, à Florence, où j’ai passé cinq ans, dans différents ateliers sur des œuvres appartenant entre autres aux musées des Offices ou de Palazzo Pitti.
L’art de la reproduction constitue une matière à part entière, il s’agit de restituer le trait du peintre, ainsi que les couleurs, un aspect très important dans le métier de restaurateur. C’est un travail qui demande beaucoup de temps, de minutie et de patience ainsi qu’un grand respect de l’œuvre, qu’il faut laisser à son Maître tout en lui permettant de survivre dans le temps.
Sur quel type d’œuvres travaillez-vous ? J’ai eu la chance, dès mes débuts à Florence, de travailler sur des oeuvres très importantes. Je travaille aujourd’hui la peinture sur chevalet qui, contrairement aux fresques, me permet de restaurer ou reproduire, au sein même de mon atelier, des tableaux allant du XIVe siècle jusqu’à nos jours. Spécialisée dans les oeuvres du Moyen-Age, je restaure dans mon atelier, ouvert il y a trois ans, des pièces de toutes les époques, aussi bien des tableaux que des encadrements peints, ou des sculptures sur bois peintes, confiées par des collectionneurs, des antiquaires ou des particuliers souhaitant leur donner une seconde vie. Chaque tableau possède son histoire et il s’agit pour le restaurateur de la respecter, en utilisant des matériaux réversibles.
Dans mes copies de tableaux – qui demandent beaucoup de recherches – j’applique des techniques de l’époque telles qu’elles s’employaient dans le temps, notamment la peinture à l’oeuf, qui possède une texture et une couleur caractéristiques. Ce matériau, réalisé en mélangeant des pigments d’origine végétale (comme la laque de garance), minérale (lapis-lazuli) ou animale (le rouge de cochenille) à l’oeuf, permet d’obtenir une brillance et une texture unique, qui s’appose par superpositions très fines des couleurs.
D’après l’oeuvre de Carlo Crivelli – Anaïs Pitalier exposera également ses oeuvres au Puy du Fou à partir du 12 avril ©Anaïs Pitalier-Atelier Artnaïs
Le choix de la reproduction d’un tableau dépend aussi de l’histoire qu’il raconte et à laquelle je m’attache, comme ce fut le cas pour la toile de Jean Fouquet. Sa « Vierge à l’enfant » serait Agnès Sorel, maîtresse du roi de France, qui aurait posée nue, une liberté très choquante à l’époque. Cette figure représente les différentes facettes de la féminité : la femme, la mère et la maîtresse. Quels sont vos projets pour les JEMA 2013 ? Pour la première fois cette année, j’ouvrirai les portes de mon atelier au 15 Impasse des Fougères à Mouilleron le Captif, afin de présenter mon savoir-faire aux visiteurs, en leur proposant des démonstrations sur tableau des différentes techniques utilisées. Le peinture à l’oeuf par exemple, mais également l’élaboration des pigments, le travail de superposition des couleurs seront à découvrir à cette occasion.
» Sainte famille » d’après l’oeuvre de Léonard de Vinci ©Anaïs Pitalier-Atelier Artnaïs
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